Témoignage de Mohammad Mostafaei, avocat de Behnood, sur l’exécution de Behnood, publié par Militants pour les Droits Humains en Iran. Ce texte est disponible en farsi à cette adresse.
Behnood Shojaee juste après son exécution
J’ai attendu toute la journée l’heure d’aller à Evin. J’ai retrouvé Koohyar et nous sommes allés à Evin vers 2 heures 30 du matin.
Au moment où nous sommes arrivés, une foule d’au moins 200 personnes se rassemblait déjà devant les portes de la prison. De nombreux militants et des mères en deuil étaient dans la foule. Nous attendions tous que la famille de la victime arrive. Une heure est passée, et nous avons vu les parents de la victime (Ehsam) arriver accompagnés de leur fille et de leur fils. La foule est allée vers eux et tout le monde les priait de donner leur consentement pour stopper l’exécution. Après un moment, les parents ont dit qu’ils pardonneraient Behnood. L’atmosphère était lourde. Puis les portes se sont ouvertes et Monsieur Oliyifar, les parents de la victimes et moi sommes entrés et avons attendus dans la salle d’attente. Nous pensions que les parents donneraient leur consentement et que Behnood serait épargné. Nous pouvions entendre la foule prier à l’extérieur. Quelques minutes plus tard, nous avons été emmenés dans une autre pièce où nous avons vu Behnood. Quand les parents de la victime sont entrés dans la pièce, Behnood s’est agenouillé et les a priés de ne pas le tuer. La mère a dit, « je ne peux pas penser maintenant. Je dois mettre la corde autour de son coup. » Puis nous avons entendu l’appel de la prière (Azan). Behnood est allé dans une autre pièce pour sa dernière prière. Il allait demandé le pardon de Dieu. Après la prière, nous sommes tous allés sur le lieu où l’exécution devait prendre place. J’étais terrifié et mon corps tremblait. Je ne savais pas ce qui allait arriver à ce garçon orphelin de mère. Lorsqu’il suppliait les parents, Behnood a dit à la mère de la victime : « je n’ai pas de mère. Pour l’amour de Dieu, sois ma mère et ne m’exécute pas ». Nous sommes tous entrés dans la pièce et il y avait là un tabouret en fer et une corde en plastique bleue. Behnood qui avait toujours rêvé de voir le ciel bleu aux derniers moments de sa vie ne pourrait voir qu’une corde bleue. Les parents entrèrent et Behnood fut emmené à l’intérieur peu après. C’était la pièce réservé aux pendaisons. Je n’avais jamais vu ou entendu parler de cas où une seule personne était exécutée. Je me demandais pourquoi Behnood allait être pendu seul. Peut-être est-ce dû à sa malchance qu’il devait monter au ciel seul. Les gens présents dans la pièce priaient encore les parents pour leur pardon. La mère dit, « Mettez la corde autour de son coup ». Behnood est allé sur le tabouret et la corde fut placé autour de son coup. Peu après, les parents de la victime marchèrent à travers la pièce et poussèrent le tabouret qui était sous ses pieds. Behnood est allé au paradis.