Moi, Hamed Rouhinejad, condamné à mort, veux vous raconter mon histoire

Après le témoignage des frères de Naser Abdolhosseini, condamné à mort après avoir été accusé de participer aux manifestations post-électorales, celui d’Hamed Rouhinejad, lui aussi condamné à mort après les procès-spectacles… alors qu’il se trouvait déjà en prison avant l’élection présidentielle. Ce témoignage a été publié par Militants pour les Droits Humains en Iran le 15 octobre 2009.

Hamed Rouhinejad est un jeune prisonnier qui souffre de sclérose en plaque. Il a été arrêté sur de fausses accusations avant l’élection présidentielle.

Avec le début des protestations post-électorales, il est devenue un pion dans le scénario écrit par l’appareil du renseignement. Il a été intimidé et trompé pour jouer le rôle d’un émeutier lors des procès-spectacles. La conséquence fut qu’il a été condamné à mort. Dans une lettre écrite à HRA (Militants des Droits Humains en Iran), Rouhinejad explique comment il a été trompé et sacrifié dans un scénario écrit à l’avance. Ce qui suit est cette lettre dans sa totalité.

« Moi, Hamed Rouhinejad, fils de Mohammad Reza, condamné à mort par le district 28 du Tribunal Révolutionnaire, voudrais vous parler de ma vie et de ma situation actuelle.

J’ai passé mon enfance dans les rues sinueuses du sud de Téhéran. Nous survivions avec les maigres revenus de mon père. Il travaillait de l’aube jusque tard dans la nuit. Il acceptait toujours les plus durs travaux pour amener du pain sur la table. Je me souviens encore comme il était difficile pour nous de voir son visage triste.

Nouvelles en bref de la répression

• Peines de prison ferme contre des étudiants d’extrême-gauche
  

Borhan Baghaee et Mehran Kosha, membre de l’organisation étudiante « Liberté et Egalité », ont été condamnés à dix  ans de prison dont 5 ans avec sursis par le tribunal de Mashhad pour « actions contre le régime ». Selon « Liberté et Egalité », le procès a eu lieu sans présence d’avocats.

Dans son communiqué, Liberté et Egalité ajoute que  ces dernières semaines plusieurs étudiants de gauche ont été accusés d' »activités contre la sécurité nationale, participations à des manifestations et diffusions d’opinions communistes » et condamnés à de longues peines de prison. (Washington TV, 14 octobre)

Funérailles de Behnood

Funérailles de Behnood Shojaee le 13 octobre à Téhéran. Behnood a été exécuté le dimanche 11 octobre à la prison Evin, condamné à mort pour un crime commis alors qu’il n’avait que 17 ans. Des militant(e)s des droits humains, des droits des enfants et des opposant(e)s à la peine de mort ont participé aux funérailles avec des membres de la famille.

«Dieu sera furieux si des femmes deviennent gouverneurs »

Dépêche AFP publiée le 15 octobre par « La Tribune de Genève » et qui illustre bien la situation des femmes sous le règne des fondamentalistes religieux.

Un religieux ultra-conservateur a mis en garde jeudi contre la «fureur divine» si des femmes accèdent au poste de gouverneur en Iran. Cette possibilité a été évoquée par un ministre. «Si des personnes veulent changer les principes et les valeurs de la révolution (islamique) sans tenir compte de l’avis des religieux, elles feront face à la fureur de Dieu et du peuple», a dit le grand ayatollah Lotfollah Safi Golpayghani sur son site.

Il réagissait à une déclaration la semaine dernière dans la ville sainte de Qom, du ministre de l’Intérieur Mostafa Mohammad Najar qui a jugé «possible» de nommer des femmes au poste de gouverneur dans les provinces.

Selon le religieux, de telles nominations, si elles se produisent, seraient contraires à la charia, la loi islamique. «Ils viennent à Qom, le centre de l’islam chiite, et annoncent qu’ils vont nommer des femmes comme gouverneurs de certaines provinces. Voulez-vous vous opposer au Coran et au prophète en faisant de telles déclarations contraires à la charia», s’est-il insurgé.

Graffitis à Qazvin

Quelques graffitis dans la ville de Qazvin.

« Le leader suprême est un assassin »

Communiqué d’Amnesty International à propos de l’exécution de Behnood

Communiqué d’Amnesty International publié le 15 octobre par HNS-Infos :

Amnesty International a condamné l’exécution de Behnoud Shojaee, un Iranien de vingt et un ans qui a été mis à mort le 12 octobre à l’aube dans la prison d’Evin, à Téhéran, pour un meurtre commis alors qu’il était âgé de dix-sept ans.

Déclaré coupable du meurtre d’un garçon lors d’une bagarre intervenue dans un parc le 18 juin 2005, Behnoud Shojaee avait été condamné à mort à titre de qisas (réparation) par le tribunal pénal de Téhéran le 2 octobre 2006.

Son exécution avait été reportée à plusieurs reprises (six, semble-t-il). Selon son avocat, quelque 200 personnes se sont rassemblées devant la prison avant l’exécution afin d’implorer la famille de la victime de lui épargner la vie.

En Iran, la famille d’une victime de meurtre a le choix entre exiger l’exécution du condamné ou le gracier et recevoir une compensation financière, la diya. Une personne reconnue coupable de meurtre n’est en revanche pas autorisée à solliciter une grâce à l’État, en violation de l’article 6-4 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), auquel l’Iran est partie.

Interview de militants étudiants

Article publié le 15 octobre par Revolutionary Road :

• Perte de puissance du bassidj et confusion des autorités :

Suite aux protestations étudiantes dans les universités de Téhéran et de Sanati Sharif, l’oppression contre les étudiants est devenue plus intense. Le dernier exemple est l’arrestation de 17 militants étudiants au Parc Jamshidieh (NdT : vendredi 2 octobre à Téhéran, voir la dépêche Reuters). Même si 15 d’entre eux ont été libérés le lendemain, deux restent en détention et ont été transférés à la section 209 de la prison Evin. Nous revenons sur cette histoire avec une interview de Mehdi Arabshahi, Bahareh Hedayat et du frère d’Ahmad Ahmadian, actuellement dans la section 209.

• 10 heures d’interrogatoire en 24 heures.

Mehdi Arabshahi, militant étudiant qui a été arrêté vendredi 2 octobre avec 16 autres militants, explique dans une interview donné à « Rooz » :

« Vendredi, nous nous sommes retrouvés au Parc Jamshidieh avec d’autres membres d’associations des universités de Téhéran pour discuter des dernières nouvelles et questions et aussi pour passer un peu de temps ensemble à la fin de la semaine. Je suis arrivé tard, et même pas 10 minutes plus tard, 40 fonctionnaires ont débarqué, nous ont arrêtés et emmenés au ministère de l’information ».