Article de Pierre Barbancey paru dans « L’Humanité » du 31 décembre 2009, intéressant même si certains éléments sont discutables comme le fait de parler de « jeunesse aisée » pour les premières manifestations de juin, ce qui est loin d’être une réalité, mais le fond de l’analyse n’en en pas moins valable :
Le président Mahmoud Ahmadinejad et le guide suprême Ali Khamenei sentent que la société est en train de basculer. Le refus de la corruption et de l’ordre moral islamique gagne toutes les couches de la population iranienne.
Si jusqu’à présent le pouvoir iranien s’était contenté de lancer ses milices armées contre les manifestants, tuant sans ménagement plusieurs dizaines d’entre eux, il vient de réaliser qu’une lame de fond pourrait l’emporter plus vite qu’il n’y paraît s’il ne réagit pas rapidement. C’est pourquoi, hier, ses plus fervents soutiens, à commencer par les gardiens de la révolution mais aussi les cohortes islamiques, les sinistres bassidjis, épaulés par les étudiants des écoles de théologie, ont envahi les rues des villes iraniennes. Une mobilisation réussie qui montre que le pouvoir n’est, pour l’heure, pas totalement isolé.
La société iranienne étouffe
Le guide suprême Ali Khamenei et le président Mahmoud Ahmadinejad savent pourtant bien que depuis dimanche l’enjeu n’est plus le résultat de la présidentielle. C’est l’idée même du changement qui a envahi les esprits.