Radio Canada, 11 mai 2010 ; si Maziar Bahari a pu rejoindre le Canada et, condamné par contumace, ne subira par cette condamnation barbare, cette condamnation montre l’atrocité du régime islamique :
Le journaliste irano-canadien Maziar Bahari affirme avoir été condamné à 13 ans de prison et à 74 coups de fouet par un tribunal iranien qui l’a jugé par contumace.
Dans un article publié par l’hebdomadaire Newsweek, M. Bahari indique que la peine a été confirmée à un membre de sa famille qui s’est rendu au tribunal dimanche.
Il souligne que ni lui ni son avocat n’ont été informés de cette décision, qui n’a d’ailleurs pas été confirmée par Téhéran.
Bahari dit avoir écopé de :
- cinq ans de prison pour participation à un rassemblement public illégal et complot contre la sécurité de l’État;
- quatre ans pour avoir amassé et gardé des documents classés secrets;
- deux ans pour avoir insulté le Guide suprême;
- un an pour propagande contre le régime;
- un an et 74 coups de fouet pour avoir troublé l’ordre public;
- six mois pour avoir insulté le président.
Maziar Bahari note qu’il a été reconnu coupable de chefs d’accusation complètement différents de ceux qu’on a fait valoir pour justifier son arrestation.
Certaines condamnations sont loufoques. La peine de six mois pour avoir insulté le président, dit-il, est attribuable à une photo qu’il a diffusée sur le réseau social Facebook. On y voyait un homme embrassant une affiche du président Ahmadinejad. La justice iranienne, dit-il, a conclu que cela revenait à traiter Ahmadinejad d’homosexuel, et qu’il s’agissait là d’une insulte.
« Une série de jugements semblables à celui rendu à mon endroit, à la veille du premier anniversaire de l’élection, semble destinée à décourager les gens de participer à des manifestations de masse visant à condamner la réélection du président Ahmadinejad et la répression qui a suivi », écrit M. Bahari dans Newsweek.
118 jours de prison
M. Bahari a été libéré de la prison d’Evin le 17 octobre 2009, 118 jours après y avoir été amené, le 21 juin, par des Gardiens de la révolution venus le cueillir chez lui, à Téhéran. Il vit aujourd’hui à Londres.
Il raconte qu’on lui a reproché d’avoir fait de l’espionnage au profit des services de renseignements américains, britanniques et israéliens. Il affirme avoir été injurié, giflé, frappé et fouetté avec une ceinture.
Maziar Bahari a été arrêté alors qu’il effectuait des reportages pour le magazine américain Newsweek dans le cadre de l’élection présidentielle du 12 juin 2009. Il travaillait à Téhéran depuis 10 ans.
L’élection s’est soldée par la réélection du conservateur Mahmoud Ahmadinejad au poste de président, une décision dénoncée par l’opposition réformatrice, qui dit avoir été victime d’une fraude électorale de grande envergure.
Cette décision a été à l’origine du plus important mouvement de contestation qu’ait connu la République islamique en 30 ans d’histoires. Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues, ce qui a braqué le régime et entraîné une violente répression.
Cette répression s’est soldée par l’arrestation et la détention arbitraire de plusieurs centaines de partisans de l’opposition, y compris des politiciens et des journalistes, et des procès sommaires, dont certains se sont terminés par des peines de mort.
Maziar Bahari soutient qu’une trentaine d’écrivains, de journalistes et de blogueurs croupissent toujours en prison, comme des centaines d’autres activistes.
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