Sauver Sakine Mohammadi Ashtiani et juger les dirigeants de la République Islamique !

Message de Mina Ahadi, Comité International contre les Exécutions, 27 juin 2010 :

Dans deux semaines, le 11 juillet, nous commémorerons l’anniversaire de la lapidation de Maryam Ayubi. Et ces jours-ci nous nous efforçons de sauver Sakine Mohammadi Ashtiani de la lapidation. Maryam était, comme Sakine, une mère de deux enfants.

Les enfants de Maryam savent que lorsque leur mère, qui était emprisonnée à Evin, a entendu qu’elle serait lapidée, elle est morte de terreur. Elle a été transportée sur une civière pour que soit exécutée la peine de lapidation. C’était en 2001. Les enfants de Maryam vivent maintenant à Téhéran avec des cauchemars qui ne les laisseront jamais en paix …

En tant que secrétaire du Comité International Contre les Exécutions, j’ai écouté des enfants dont les mères ont été lapidées ces 31 dernières années de règne fasciste islamiste. Un d’entre eux était un homme de Kerman. Il m’a appelée sur mon portable et a dit « Si tu connais n’importe quel tribunal dans le monde qui accepterait ma plainte, fais-le moi savoir ». En réponse à ma question de « Quelle plainte ? », il a répondu « Ma mère a été lapidée pendant les premières années du règne de la République Islamique ».

J’étais ébranlée en entendant l’horrible récit de cet homme de 43 ans, qui a cette époque n’était qu’un enfant. Il disait que sa mère critiquait ouvertement le régime et Khomeiny en particulier dès le premier jour. Elle était enseignante et avait dénoncé le régime et les autorités au travail. « Un jour alors que nous déjeunions tous, ils ont pris la maison d’assaut et ont emmené ma mère avec eux… Tout est allé si vite. Et même pas deux semaines plus tard, un jour, ils ont annoncé dans la ville « venez et soyez témoins de la lapidation d’une femme ». Cette femme était ma mère. »

Il disait qu’avec terreur et en état de choc, il est venu et de loin a été témoin de la lapidation à mort de sa mère… Il pense que sa mère était toujours vivante quand elle a été enterrée. Cet homme m’a envoyée son acte d’accusation contre la brutalité sauvage de ce régime fasciste anti-humain,pour qu’elle soit déposée devant un tribunal international.

Je combat ce régime ! En tant que militante des droits des femmes, en tant que secrétaire du Comité contre la Lapidation qui a accompagné de nombreuses familles dans leur lutte inégales contre les condamnations à la lapidation, en tant que personne qui a constamment entendu l’écho des voix des enfants dont les mères furent lapidée, et aujourd’hui en tant que personne qui lutte pour sauver la vie de Sakine. En mon nom propre et e celui de centaines de femmes et d’hommes qui ont été lapidé(e)s en Iran, j’annonce au monde entier l’accusation contre ce régime.

La lapidation est barbare et médiévale. La lapidation est purement une question politique et je n’ai jamais pris au sérieux les murmures des partisans de la réforme et d’une interprétation modérée du Coran. Pour réprimer le peuple, pour renforcer ses fondations sanglantes, ce régime a besoin de la lapidation et avec un mépris y compris de son propre médiéval et injustifié « Code de châtiments islamiques », il décidera de lapider une personne et chassera sa proie de cette façon. Quand il y avait de l’agitation, quand il y avait une grève ou une protestation dans une ville, si une région refusait de subir le régime, ils creusaient un trou, enterraient une femme jusqu’à la taille, et la torturaient à mort pour que les autres retiennent la leçon. C’était la fonction de la lapidation, et demander au régime une meilleure interprétation des lois ou constater des vides juridiques, n’a jamais été et n’est pas la solution.

Dans mes discours contre la lapidation, j’ai toujours déclaré que lorsque j’ai entendu pour la première fois qu’une jeune fille de 18 ans allait être lapidée, je me suis dit « Mina, attend que le monde connaisse la douleur, la souffrance d’une telle blessure atroce sur son corps. Les roues ne tourneront plus, les horloges s’arrêteront, jusqu’à ce le monde réponde à cette violente agression contre lui-même ». Trente-et-un ans ont passés, le monde attend patiemment, avec bien sûr l’aide du courage des intellectuels et des « féministes » du relativisme culturel qui sont trop importants pour ces « petits problèmes », continue sa vie, et les gouvernements occidentaux déroulent le tapis rouge pour ces assassins, détournent les yeux de ces atrocités et continuent à conclure des affaires avec ce régime fasciste misogyne.

Je condamne un mode qui, au 21ème siècle et avec une assurance totale, ferment les yeux sur des centaines de lapidations et prétend que rien ne s’est passé. e condamne les institutions et organisations internationales qui restent silencieuses sur cette catastrophe. Je condamne l’Union Européenne et le Conseil de l’Europe qui, il y a quelques jours, ont discuté de l’interdiction de la burqa en Europe et de ses contradictions avec les droits humains de la « femme musulmane », mais qui en 31 ans n’ont pas dit un mot sur la lapidation et sa contradiction avec les droits humains et les droits des femmes.

C’est un monde qui tourne à l’envers.

Grâce à la lutte du peuple iranien, grâce à une révolution contre le régime islamique, trois décennies de silence des institutions et organisations internationales sont brisées. Nous ne devons pas seulement nous lever, unis et ensemble, et agir contre la lapidation de Sakine Mohammadi Ashtiani, mais demander aussi le jugement des dirigeants de la République Islamique pour la lapidation de centaines de femmes et d’hommes, une demande dont l’écho sera de plus en plus fort et qui peut être réalisée par nos efforts unis.

Mina Ahadi, 27 juin 2010.

Voir aussi le courrier au monde des enfants de Sakine ; des messages de protestations peuvent être envoyés aux autorités iraniennes depuis cette adresse.