Article de Mansoor Hekmat publié pour la première fois en avril 1994 dans « International« , journal du Parti Communiste-Ouvrier d’Iran. Si cet article se base sur des faits qui ont eu lieu en Grande-Bretagne en 1994, l’analyse qui en est faite est pertinente plus de 10 ans après et dans le monde entier. Nous publions cette traduction à l’occasion de la Journée Internationale contre les Violences Faites aux Femmes.

La Femme dans la vie et dans la mort : De Frederick West à Anthony Kennedy
Une nouvelle horrible a assommé la Grande-Bretagne début mars (1994). Dans l’humble cité historique de Gloucester, célèbre pour ses cafés cosy et sa cathédrale du 11ème siècle, on a découvert une maison qui est devenue la tombe pour les corps des victimes de meurtres mystérieux qui ont eu lieu ces 25 dernières années. A la mi-mars, neuf corps ont été retrouvés sous le plancher de la cave, dans le jardin et sous le sol de la salle de bain de la maison située au 25 rue Cromwell, qui a été surnommée « la maison des horreurs ». La police estime que, sur la base d’indices comme le nombre de personnes disparues dans la région ces dernières années, le chiffre pourrait monter à plus de 30 corps.
A chaque corps déterré, quiconque a un proche disparu ces dernières années retient son souffle. Avec cette découverte macabre, la foule des journalistes, des touristes et des curieux qui campent à l’extérieur, avec leurs appareils photos et leurs pic-niques, grossit. Les voisins louent des « vues » depuis leurs fenêtres. tout le monde, selon sa profession et sa spécialité, dit quelque chose : le maire de Gloucester pleure la « mort d’une ville ». Un journaliste « scientifique » est fasciné par la technologie des radars des détecteurs de mines militaires qui viennent de la guerre des Malouines, maintenant utilisés par la police comme outil principal pour leurs recherches. Alors que les experts médico-légaux de la police tentent d’identifier les victimes avec des tests d’ADN et des reconstructions faciales, les psychologues luttent pour comprendre la pensée et l’imagination de l’assassin. Quelle créature, quel individu malade et tordu peut commettre de tels crimes ? Que le coupable doit être « malade » est un postulat commun. En effet, comme l’a avancé un médecin légiste dans un cas similaires aux Etats-Unis, comment le coupable d’un tel « crime anormal » pourrait être une personne normale ?
Frederick West,le propriétaire et habitant âgé de 52 ans de la maison, a été arrêté et accusé de ces meurtres. De nombreux psychanalystes vont sans doute plonger dans les profondeur de son cerveau et publieront des livres sur la bases de leurs hypothèses. Mais il y a un point, qui vient et disparaît comme une simple phrase dans les rapports de la police et des journalistes, un point réel qui va au-delà du meurtrier et de son monde privé : toutes les victimes de ses crimes étaient des femmes.
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