« En Iran, le corps est un péché »

28 01 2010

Article publié le 28 janvier par « Le Monde » et qui est un témoignage à la fois sur la chape de plomb des dignitaires religieux sur la culture et sur la répression des manifestations en juin dernier  :

« Toute ma vie, j’ai pensé à ce que je devais faire. Jamais à ce que je pouvais faire. » Charme fou, écharpe verte de circonstance, Afshin Ghaffarian, 24 ans, est un réfugié heureux. Ce chorégraphe iranien a fui les troubles de son pays en 2009 et il est aujourd’hui installé à Paris. Afin de pouvoir danser en toute liberté.

Ses lunettes rondes soulignent un regard gourmand et son sourire courtois contient mal l’euphorie d’un exil salvateur. Aux soubresauts de la République islamique, le chorégraphe a préféré le grand jeté et les sauts de chat (persan) de la danse contemporaine. « En Iran, le corps est un péché. Il touche, il jouit, il danse : tout ce qui est défendu ! Danser est interdit ; danser quand même est une protestation. »

A l’université de Téhéran, Afshin Ghaffarian découvre d’abord le théâtre corporel de Jerzy Grotowski : « J’ai voulu faire comme lui. Mais apprendre à danser en regardant YouTube, alors que le site était bloqué par les autorités, avec des vidéos qui se chargent en 45 minutes, ce n’est pas facile ! La danse n’est pas une discipline écrite, et moi je manquais de codes et de technique. » Peu importe : jusqu’au soir, il copie et recopie le mouvement des autres. Et s’enfonce dans la clandestinité.

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