Mouvement ouvrier en Iran

Histoire du mouvement ouvrier iranien :

– La révolution iranienne de 1978-1979

La révolution iranienne de 1978-79 fut un des évènements marquant du 20ème siècle, riche en leçons pour les socialistes lutte de classe. C’est une histoire de lutte de classe, de l’auto-affirmation des femmes et du réveil des minorités nationales. Les travailleurs iraniens ont été la force décisive dans le renversement du régime haï de Mohamed Reza Shah. Aujourd’hui ce mouvement a été écrasé par la théocratie qui a pris la place de la monarchie. L’Etat islamique dirigé par des clercs fut une catastrophe pour les travailleurs, les femmes et les opprimés. Ces évènements ont eu de fortes répercussions sur la politique au Moyen-Orient et dans le monde. Paul Hampton revient sur cette histoire dans un article en trois parties, publié en juin 2006 dans le journal « Solidarity » (publication du groupe « Workers Liberty« .

Lire ce texte : Iran : révolution et contre-révolution, 1978-1979 (en français)

– Histoire du mouvement ouvrier iranien des premières grèves de 1906-1907 à nos jours :

Brochure publiée début 2009 par l’IWSN, Iranian Workers Solidarity Network, en anglais. Lire ce texte : A handbook for mobilising solidarity with iranian workers.

Le Premier Mai 2009 :

Pour le Premier Mai, environ 2.000 personnes se sont rassemblées au Parc Laleh de Téhéran à l’appel d’organisations syndicales et ouvrières d’Iran. Les forces de sécurité du régime des mollahs sont intervenues violemment à coups de matraque et de gaz lacrymogènes contre les manifestant(e)s. Plus de 150 personnes ont été arrêtées. D’autres manifestations ont eu lieu dans d’autres villes du pays comme à Sanandaj, Tabriz, Qom, Arak etc…

Déclaration des ouvriers iraniens pour le 1er Mai 2009

Le 1er Mai est la journée de solidarité de la classe ouvrière et un jour de lutte des travailleurs autour du monde contre le pouvoir oppressif du capitalisme et l’expression de leurs désirs d’un monde libéré de l’oppression et de l’exploitation.

Cette année la classe ouvrière célèbre le Premier Mai alors que le système capitaliste mondial s’embourbe dans une crise économique de plus en plus dévastatrice et lutte pour se libérer de ce marasme par tous les moyens possibles.

La crise économique actuelle a démontré l’incapacité du système capitaliste de surmonter ses problèmes, et il n’a pas trouvé d’autres solutions que de transférer le poids de la crise sur les épaules de la classe ouvrière dans le monde entier. Cela témoigne du fait qu’après la chute du bloc de l’Est et la déclaration de la fin de l’Histoire par le monde capitaliste décadent, il ne reste pas d’autre alternative à la classe ouvrière et au monde civilisé que de se libérer des inhumaines relations de production capitalistes.

L’actuelle crise financière et ses conséquences dévastatrices pour la classe ouvrière du monde entier étend son spectre sinistre sur la vie quotidienne des travailleurs iraniens. Mais les injustices dont ils souffrent ne sont que la conséquence du pouvoir de la classe capitaliste iranienne.

Les injustices imposées à la classe ouvrière iranienne, sont, entre autres :

– Des salaires qui poussent les travailleurs sous le seuil de pauvreté ;
– La multiplication des licenciements ;
– Le refus de payer les salaires pendant des mois ;
– L’imposition par les compagnies de contrats de travail précaires et temporaires ;
– L’emprisonnement et la flagellation (1) de travailleurs afin d’empêcher la désobéissance et la résistance ;
– L’absence de contrats de travail justes et légaux.

Tout cela ce ne sont pas des problèmes qui sont apparus en Iran avec la nouvelle vague de la crise économique. De telles injustices existent en Iran depuis de nombreuses années et la crise est chaque année plus profonde. Nous ne devons pas rester silencieux devant de telles pratiques inhumaines et détestables, et nous ne devons pas les laisser violer encore plus nos droits qu’ils ne le font déjà. Nous sommes les principaux producteurs de la richesse de la société, et nous considérons de notre plein droit de vivre selon les meilleurs niveaux de vie.

Nous méritons un niveau de vie décent et nous nous assurerons que nous réglerons ces problèmes en formant des syndicats indépendants de l’influence du gouvernement et des compagnies, et par notre solidarité continue.

Aussi, nous, travailleurs, considérons les revendications suivantes comme étant le programme minimum qui doit s’appliquer immédiatement :

1.Sécurité de l’emploi pour tous les travailleurs et abolition des contrats temporaires, précaires ou nouvellement formulés.

2. Nous considérons que le salaire minimum (2) mis en place par le Haut Conseil du Travail n’est que l’imposition d’une mort graduelle pour des millions de familles ouvrières, et nous insistons sur l’augmentation immédiate du salaire minimum sur la base des revendications légitimes des travailleurs, élaborées par les véritables représentants des travailleurs et leurs syndicats indépendants.

3. La formation de syndicats ouvriers indépendants, le droit de grève, la liberté de se rassembler et la liberté d’expression sont nos droits légitimes, et ces revendications doivent être garanties de façon inconditionnelle et sont les droits inaliénables de tous les travailleurs.

4. Les salaires impayés des travailleurs doivent être immédiatement versés. Le non-paiement des salaires doit être dorénavant considéré comme un délit, poursuivi par les cours de justice et le paiement des salaires imposé.

5. Il faut mettre fin aux licenciements de travailleurs sous différents prétextes et tous ceux qui ont été licenciés ou qui arrivent nouvellement sur le marché du travail doivent bénéficier d’une garantie d’emploi leur offrant un niveau de vie décent.

6. Nous demandons l’égalité des droits entre les hommes et les femmes dans tous les aspects de la vie économique et sociale et nous demandons l’abolition de toutes les lois discriminatoires actuelles.

7. Nous demandons des retraites décentes pour tous les retraités et condamnons toutes les pratiques discriminatoires dans le versement des retraites (3).

8. Nous soutenons fermement les revendications avancées par les enseignants, infirmières et autres cols blancs qui travaillent dur, et nous nous considérons nous mêmes comme leurs alliés dans leurs luttes. Nous demandons aussi la révocation de la condamnation à mort de Farzad Kamangar (4).

9. Comme les ouvriers saisonniers et du bâtiment sont privés des droits à une nécessaire assurance sociale, nous soutenons leur lutte pour acquérir leurs droits humanitaires et une vie décente.

10.Le capitalisme est la force principale derrière le travail des enfants. Nous demandons que tous les enfants, quelque soit leur genre, leur ethnie ou leur religion, ait la possibilité de bénéficier des mêmes possibilités en matière d’éducation, de santé et d’hygiène.

11. Nous demandons la libération de tous les travailleurs incarcérés, dont Mansour Osanloo5 et Ebrahim Madadi, et la révocation de tous les jugements rendus contre eux, et que soit mis fin aux arrestations et aux intimidations à l’encontre de travailleurs.

12.Nous prononçons fermement notre soutien aux mouvements amoureux de la liberté et revendiquant l’égalité comme le mouvement étudiant et le mouvement des femmes et condamnons les arrestations et la détention de leurs militant(e)s.

13. Nous faisons partie du mouvement international de la classe ouvrière et en tant que tel, nous condamnons les expulsions aléatoires et la double exploitation et le double harcèlement des Afghans et d’autres travailleurs immigrés en Iran.

14.Si nous sommes reconnaissant envers le soutien de la classe ouvrière internationale avec nos luttes en Iran, nous sommes également les alliés et solidaires de toutes ses luttes contre les difficultés imposées par le système capitaliste.

15. Le Premier Mai doit être un jour férié en Iran et il faut révoquer et mettre fin à toutes les interdictions de célébrer le Premier Mai.

Vive le Premier Mai !

Vive la solidarité internationale de la classe ouvrière !

Téhéran, 1 Mai 2009

Comité du Premier Mai
Syndicat des Travailleurs de la Compagnie de Bus Vahed de Téhéran et de la Banlieue
Syndicat des Travailleurs de Haft Taped Sugar Plantations.
Syndicat Libre des Ouvriers d’Iran
Comité de Fondation du Syndicat des Peintres en Bâtiment et des Travailleurs de la Décoration
Conseil de Collaboration des Organisations et Militants Ouvriers
Comité de Coordination pour la Formation d’Organisations Ouvrières
Comité pour la Mise en Place d’Organisations Libres de Travailleurs
Conseil des Femmes
Centre pour les Droits des Travailleurs en Iran

(1) En février 2009, par exemple, Shiva Kheyrabadi, Susan Razani, Ghaleb Hosseini et Abdollah Khani, militants ouvriers, ont été condamnés à être fouettés par le Tribunal Islamique de Sannadaj (Kurdistan) pour avoir participé aux manifestations du 1er Mai 2008. Ghaleb Hosseini a été condamné à 70 coups de fouet et 6 mois d’emprisonnement et Abdollah Khani à 50 coups de fouet et 91 jours de prison.

(2) Pour l’année 1388 (2009-2010), le salaire minimum est fixé à 205,98 euros mensuels en Iran, alors qu’on considère qu’il faut 660 euros pour ne pas vivre en dessous du seuil de pauvreté à Téhéran.

(3) Il existe de nombreuses discriminations en matière de retraite en Iran, en particulier à l’encontre de minorités religieuses. On note, par exemple, plusieurs cas de Bahaïs à qui le versement de la retraite a été refusé sur la base de documents légaux indiquant que « le versement de la retraite aux individus liés à la secte bahaï est illégal ».

(4) Farzad Kamangar est un militant syndicaliste, enseignant, kurde iranien. Arrêté en 2006 et torturé dans la prison d’Evin, il a été condamné à mort pour mohareb (« inimitié à l’égard de Dieu ») le 25 février 2008 par le Tribunal Révolutionnaire de Téhéran. Bien qu’il n’y ait absolument aucune preuve, il fut accusé de lien avec le PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan).

Pour plus d’informations (en français) : Amnesty International ; International Trade Union Confederation ; Internationale de l’Education

(5) Mansour Osanloo, un des fondateurs du Syndicat des Travailleurs de la Compagnie de bus Vahed de Téhéran et Banlieue, a été arrêté à plusieurs reprises depuis 2005. Il a été, entre autres, arrêté le 26 novembre 2006 avec Ebrahim Madadi, le vice-président du syndicat, et a subit des tortures physiques et psychologiques.

Source : CGT-ADDSEA

5 responses

31 01 2011
9 04 2012
Appel du PCOI pour le 1 Mai 2012 « Révolution en Iran

[…] Mouvement ouvrier en Iran […]

9 04 2012
Appel du PCOI pour le 1 Mai 2012 | Solidarité Ouvrière

[…] Voir les déclarations des organisations ouvrières iraniennes pour le 1 Mai 2010 et le 1 Mai 2009 J'aimeJ'aime  Cette entrée a été publiée dans Iran, Luttes des travailleurs et […]

19 04 2013
Petite histoire du 1er Mai | Solidarité Ouvrière

[…] Pour le 1er Mai 2009, environ 2.000 personnes se sont rassemblées au Parc Laleh de Téhéran à l’appel d’organisations syndicales et ouvrières d’Iran. Les forces de sécurité du régime des mollahs sont intervenues violemment à coups de matraque et de gaz lacrymogènes contre les manifestant(e)s. Plus de 150 personnes ont été arrêtées. D’autres manifestations ont eu lieu dans d’autres villes du pays comme à Sanandaj, Tabriz, Qom, etc… Une déclaration de dix revendications est adoptées par plusieurs organisations ouvrières (voir ici). […]

24 04 2013
Petite histoire du 1er Mai en images « CGT ADDSEA

[…] Pour le 1er Mai 2009, environ 2.000 personnes se sont rassemblées au Parc Laleh de Téhéran à l’appel d’organisations syndicales et ouvrières d’Iran. Les forces de sécurité du régime des mollahs sont intervenues violemment à coups de matraque et de gaz lacrymogènes contre les manifestant(e)s. Plus de 150 personnes ont été arrêtées. D’autres manifestations ont eu lieu dans d’autres villes du pays comme à Sanandaj, Tabriz, Qom, etc… Une déclaration de dix revendications est adoptées par plusieurs organisations ouvrières (voir ici). […]

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