Nouvelle loi misogyne et discriminatoire au parlement

18 02 2010

Selon un article du site « Street Journalist » daté du 18 février 2010, 1.200 militant(e)s iranien(e)s des droits des femmes et des mouvements sociaux ont dénoncé le projet de « loi de protection de la famille » qui est récemment passé devant le parlement de la République Islamique et demandé des lois qui affirment les droits des femmes et établissent l’égalité entre les sexes.

Cette déclaration publiée le 17 février par « Change for Equality« , indique en introduction :

« Peuple d’Iran, hommes et femmes,

La Commission législative et juridique de la Commission de l’Assemblée Consultative Islamique du Parlement a récemment ré-introduit le projet de la prétendue « loi de protection de la famille » au parlement avec des changements des articles 23 et 25 et s’est précipité pour la faire ratifier par le parlement dans le contexte de chaos politique dans le pays. Cette loi est inefficace pour soutenir l’institution familiale et est bien en retrait par rapport à la loi ratifiée il y a près de 35 ans en 1974.

Selon cette nouvelle loi, la polygamie est légalisée et les hommes ont plus de pouvoir pour se remarier sans le consentement ou même informer la première épouse. Selon les nouveaux amendements, si la femme est atteinte d’une maladie incurable, ou a quitté le domicile pendant 6 mois ou est emprisonnée pour un chèque sans provision, son mari peut prendre une nouvelle épouse. Par contre, le droit des femmes au divorce est très limité.

En juillet 2007, un projet de cette loi fut introduit au parlement pour la première fois mais a dû faire face à une large contestation des militantes des droits des femmes et d’autres groupes pour les droits civils. Ces contestations se sont focalisées sur les articles 23 et 25, le premier qui renforçait les droits des hommes et le second qui introduisait une taxe sur la dote de la femme à son mariage et qui est la seule garantie et protection de la femme en cas de divorce ou de sévices. La nouvelle loi a supprimé cette taxe mais a divisé le montant de la dote en montant « conventionnel » et « non-conventionnel » sans introduire une somme, ce qui restreint le seul outil légal des femmes au sein de l’institution familiale.  »

La lettre ouverte explique ensuite comment en 2008 des militantes féministes et militant(e)s pour l’égalité se sont mobilisé(e)s pour empêcher que cette nouvelle loi soit adoptée par le parlement. Puis, la lettre ouverte dénonce que « récemment, dans l’atmosphère de chaos et de tension créée après la dixième élection présidentielle, un groupe de parlementaires a une fois encore saisit une occasion pour réintroduire encore cette loi », c’est-à-dire « dans une situation politique où la moindre protestation des femmes, des étudiants, des enseignants, des journalistes ou de n’importe quel citoyen iranien affronte les intimidations, les arrestations arbitraires, les procès inéquitables et de longues peines de prison ».

La lettre ouverte continue en rappelant :

« Avec un regard en arrière, la révolution de 1979 fut par de nombreux aspects une régression pour les femmes iraniennes. Les femmes furent forcées de porter le voile et un code vestimentaire unique leur a été imposé. La loi de la famille qui protégeait en partie les femmes a été annulée et les femmes juges ont été révoquées de leurs postes. Bien que le pays fut proclamé être une république, les femmes ne peuvent pas se présenter à la présidence. L’archaïque loi de la lapidation à mort a été réintroduite et de nombreuses femmes ont été lapidées pour adultère. Les crimes d’honneur ont été autorisés au nom des mêmes lois archaïques. Les huit années de la guerre Iran-Irak ont offert une large opportunité à l’Etat pour utiliser d’un côté les femmes et leur travail dans différents secteurs où elles étaient nécessaires et de l’autre pour coudre leurs lèvres et leur interdire toute protestation lorsqu’elles étaient privées de leurs droits, rejetées de leur travail et confinées dans les cuisines.

Curieusement pourtant, aucun des efforts planifiés ou inconscient et les politiques de l’Etat islamique pour confiner les femmes et les placer comme citoyennes de seconde zone n’a marché comme prévu. Peu à peu, et pendant des années, une nouvelle génération de femmes est née des décombres de l’ancienne génération avec les plus hautes attentes et aspirations. Des milliers de femmes, filles de la révolution, qui voyaient le monde avancer et les laisser en arrière, sont entrées dans les universités et l’éducation supérieure, ont avancé dans la société, ouvert le débat et affronté les bases mêmes de ce qui tentait si difficilement de les réduire au silence.

L’Etat a fait tout ce qu’il a pu pour maintenir les femmes à « leurs places », et la réintroduction des articles 23 et 25 oubliés à propos de la polygamie inconditionnelle et l’ambiguïté sur la dote montrent la revanche et la hargne d’un groupe d’hommes contre les femmes d’Iran. Ces deux question, le droit des hommes à se remarier à l’insu et sans l’accord de la première épouse et la mise en place d’ambiguïté sur la dote donne aux hommes carte blanche pour profiter du système et priver les femmes de tout droit au sein de l’institution de la famille. »

Rappelant ensuite le rôle crucial des femmes dans la situation politique créée après l’élection présidentielle, la lettre ouverte indique : « Les femmes sont tout à fait conscientes qu’elles sont punies pour le rôle important qu’elles jouent en ébranlant les fondations du système, mais elles n’accepteront plus les inégalités qu’on leur impose que ce soit dans la sphère publique ou privée ».

Pour toutes ces raisons, la lettre ouverte conclut : « Nous, groupe de militant(e)s des droits des femmes, défenseurs des droits humains et de la société civile déclarons notre forte opposition à la ratification de la loi de « destruction de la famille », en particulier ses articles 23 et 25, et revendiquons la reconnaissance des droits humains des femmes par des lois égalitaires concernant les sexes par le parlement dont la responsabilité principale est de protéger les hommes et les femmes sur des bases égales. »

La lettre ouverte appelle aussi « les hommes et les femmes qui veulent la justice à montrer leur opposition et leur dénonciation de la ratification de la loi en signant cette déclaration ».


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28 02 2010
Déclaration de WLUML sur l’arrestation Maryam Ghanbari « Révolution en Iran

[…] a été très active dans le Mouvement national des femmes de lutte contre le projet d’une loi nouvelle sur la famille qui comprend les lois sur le divorce, les contrats de mariage temporaire pour les hommes, la garde […]

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