Entretien avec Asqar Karimi

21 02 2012

La Bataille Socialiste, 20 février 2012 :

Asqar Karimi est président du bureau politique du Parti communiste-ouvrier d’Iran. Dans cette interview en plusieurs parties, il nous raconte son combat politique contre le régime du Chah d’Iran, puis de l’Ayatollah Khomeiny et son engagement dans la guérilla de Komala.

1) « On se considérait comme des Fedayin, mais on ne connaissait même pas leurs buts. »

La première chose que j’aimerais savoir, c’est où tu es né ?

Dans une petite ville au sud de l’Iran, Abarkû, entre Yazd, Ispahan et Chiraz, en 1952. J’ai habité là jusqu’à mes 15 ans. Ensuite, je suis allé étudier à Arvhâz, au Khuzestan, pendant un an, puis j’ai déménagé pour Chiraz, un an aussi, enfin la dernière année de lycée, j’étais à Ispahan, pour deux semaines. Mais c’était très cher, alors je suis allé à Abâdeh, une ville près de la mienne. Quand j’ai fini le lycée, je suis partie à l’université technique. J’ai étudié quatre ans jusqu’à mon arrestation et condamné à huit ans de prison, en 1975. Mais pendant la révolution, j’ai été libéré en février 1979. Je n’ai jamais terminé mes études.

Pourquoi est-ce que tu as été arrêté ?

Parce que j’avais participé à des manifestations à l’université et aussi, parce que j‘étais en lien avec l’organisation des Fedayin [organisation d’extrême-gauche pratiquant la guérilla urbaine], j’avais lu quelques livres, j’en avais fait circuler, voilà…

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Une brève histoire des organisations ouvrières en Iran

13 08 2011

Article de Saeed Salehinia, militant du Parti Communiste-Ouvrier d’Iran, sur l’histoire des organisations ouvrières en Iran, Juillet 2011 :

Introduction:

L’histoire de l’émergence des travailleurs en Iran commence au début du vingtième siècle. Avec l’évolution de la lutte des classes, les organisations de travailleurs ont aussi évolué. Deux modèles distincts d’organisations peuvent être identifiées à travers l’histoire de la lutte des classes et de la dynamique entre la dictature et le mouvement de la gauche en Iran, avec différentes caractéristiques d’action et de fonction :
1- Le mouvement syndical (des années 1920 à nos jours)
2- Le mouvement des conseils et des assemblées générales (de la révolution de 1979 à nos jours).

Cet article cherche à mettre brièvement en lumière ces traits sus-mentionnés dans le mouvement ouvrier en Iran.

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Occupation en Irak et critique de l’anti-impérialisme

7 08 2011

Solidarité Irak, 7 août 2011 :

Cet article est paru dans le n° spécial commun d’Offensive et de Courant alternatif consacré aux luttes de libération nationales en juin 2011.

L’occupation de l’Irak par la coalition militaire dirigée par les USA a été l’occasion de vifs débats sur la question de l’anti-impérialisme. L’existence d’un mouvement jouant un rôle significatif dans les luttes ouvrières et féministes dans l’Irak occupé, sur des bases politiques en rupture avec les « luttes de libération nationale », a permis de soulever le débat sur des bases concrètes. Cet article vise à mettre en évidence les principales étapes de la genèse de ce courant, depuis la révolution iranienne jusqu’aux manifestations actuelles en Irak. En effet, pour en comprendre l’origine, il faut se tourner d’abord vers la révolution iranienne de 1979 et son écrasement par la république islamique.

La révolution iranienne

Dès l’année 1978, le régime monarchique du Shah d’Iran est ébranlé par les manifestations et les grèves. Deux mouvements puissants, mais qui se rencontrent difficilement : la jeunesse étudiante, très influencée par l’extrême-gauche, et le mouvement ouvrier, qui va bientôt s’organiser en conseils ouvriers, les shuras. Reza Shah Pahlavi, monarque absolu appuyé par une police politique omniprésente, la savak, est soutenu par les USA. L’Iran fait alors partie des dictatures réactionnaires qui constituent autant de pièces dans l’échiquier de l’impérialisme américain en lutte avec l’Union soviétique.

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8 mars 1979 à Téhéran

6 03 2011

Reportage en français sur les manifestations du 8 mars 1979 à Téhéran où des dizaines de milliers de femmes manifestaient contre le port du voile obligatoire que voulait imposer Khomeiny qui dû alors, momentanément, reculer.





Quelle confusion

11 02 2011

Petit texte de Abbas Goya, militant du PCOI, à l’occasion de l’anniversaire de la révolution du 11 février 1979 contre le Shah :

Lorsque j’avais 15 ans, nous nous sommes levés contre la dictature du Shah et pour la liberté, et nous avons été massacrés jusqu’à ce que nous lui bottions le cul.

Puis le monstrueux Khomeiny a pris le pouvoir (avec l’aide des USA) et nous a massacré parce que nous demandions la liberté. Khomeiny nous a massacré on pas une fois mais de multiple fois, jusqu’à ce que plus un seul ne soit debout pour la liberté (tout le monde avait été tué ou avait fuit). Si le Shah a tué environ 50.000 personnes, le régime islamique en a à ce jour tué au moins 150.000.

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Solidarité avec les ouvriers d’Iran

20 08 2010

Vidéos : Reportage sur le mouvement ouvrier en Iran de la révolution contre le Shah de 1978-1979 et la création de conseils ouvriers, sa répression par le régime de la République Islamique jusqu’à nos jours (en anglais).

La première partie insiste surtout sur la révolution de 1978-1979 et la contre-révolution islamique :

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Images de la révolution de 1979

10 02 2010

Alors que le régime a décidé d’interdire toutes les images de l’insurrection du 11 février 1979 et que l’Iran se prépare à une nouvel journée de défi et de protestation pour le 11 février 2010 contre la République Islamique, quelques images de la révolution de 1979.

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Souvenirs d’un camarade sur les 10 et 11 février 1979

7 02 2010

Souvenir d’Abbas Goya, militant du Parti Communiste-Ouvrier d’Iran, sur l’insurrection des 10 et 11 février 1979, la situation révolutionnaire en Iran en 1979 et la répression du régime islamique. Ce texte a été écrit en février 2009 à l’occasion du trentième anniversaire de la révolution.

Pour moi, la révolution de 1979 fut le lien dans mon engagement en politique. Un garçon de 16 ans à qui on « parle » de politique par le biais d’un coup de matraque en passant à une intersection ! Vraiment. Je faisais ma vie quand en passant au feu je reçois un brusque et douloureux coup de matraque d’un flic sur mon bras, suivi d’un cri « Dis vive le roi ! », sans savoir que les flics étaient là pour affronter toute jeune personne en tant « qu’éléments » potentiellement anti-Shah ! En colère et assez jeune pour cela, j’ai tenu tête au flic en lui disant d’aller se faire foutre lui et le roi, il visait maintenant ma tête. Par chance, un flic plus âgé l’a arrêté. C’était mon premier lien avec la révolution. Je me suis alors demandé ce que c’était que tout cela. J’ai appris que le Shah était un dictateur, que Lénine était un grand dirigeant pour la justice sociale… Prudemment mais sûrement, j’ai participé à des manifs, à des cercles d’étude et à des protestations autant que mes parents inquiets me le permettaient. Néanmoins, j’étais étiqueté dans le cercle de ma famille conservatrice comme un opposant de toujours, parce que j’argumentais tout le temps contre le Shah, en défense de la révolution, puis ensuite contre la République Islamique qui n’était pas encore née [*].

Je me souviens des deux jours qui seront aussi connus comme « La Révolution », les deux jours qui ont ébranlé l’Iran pour les années à venir, l’insurrection des 10 et 11 février. Les attaques spontanées contre l’armée et toutes les bases du pouvoir du régime du Shah. Ces attaques ont rapidement été dirigées par des militants de gauche, les socialistes (*) de l’époque. Je me rappelle que, recouvrant leurs visages avec de l’encre noire pour ne pas être reconnus, les mollahs pro-Khomeini hurlaient dans les rues avec des hauts-parleurs pour dire aux gens de NE PAS attaquer les bases militaires parce que « l’Imam n’avait pas encore appelé au Djihad ». Personne n’y faisait attention. Et je me rappelle que la première fatwa de Khomeini (le soir du 11 février) fut de désarmer le peuple. Le peuple en arme était son pire cauchemar.

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La révolution du peuple en Iran, de 1979 à 2009

4 02 2010

Diaporama et explication du mouvement révolutionnaire iranien de 1979 à 2009 par Solidarity Iran Vancouver (e anglais) :

L’histoire de la révolution du peuple d’Iran a commencé en 1979 et a été défait par le mouvement islamique avec le feu vert des pays occidentaux. Le mouvement islamique sous la direction de Khomeini a fini le travail d’écrasement de la révolution que le Shah n’avait pas pu finir. Les pays occidentaux, afin de créer une « ceinture verte » contre l’Union Soviétique, ont soutenu le mouvement islamique. Après avoir tué des milliers de militants, le mouvement islamique pu écraser la révolution. Pendant 30 ans, la lutte du peuple a continué et finalement des fractions se sont crées au sein de la classe dirigeante. Les gens sont descendus par millions dans la rue et ont utilisé les affrontements au sein de la classe dirigeante pour prendre le contrôle des rues. Depuis plus de sept mois, ils affrontent les forces du régime et ont élevé les slogans de « où est mon vote ? » à « à bas le dictateur » et « à bas les bases du régime ». Cette révolution ne s’arrêtera pas avant d’avoir renverser le régime islamique et atteint ses revendications de liberté, d’égalité et d’humanité en Iran.

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L’Histoire des Invaincus

29 01 2010

Texte du Parti Communiste-Ouvrier d’Iran, publié pour la première fois en farsi en 1995.

Insurrection du 11 février 1979

Quelques mots en commémoration de la révolution de 1979

Certains disent que ces dernières années un processus de « révision » a eu lieu parmi les révolutionnaires et les milieux d’opposition de gauche d’Iran. Un premier coup d’œil sur les nombreuses publications, que ces groupes publient plus particulièrement en dehors de l’Iran confirme cela bien que l’on puisse douter du fait que le mot « révision » soit approprié pour qualifier ce développement. Dans la solitude – quand dire la vérité ne fait de mal à personne – on pourrait même l’appeler de la repentance. Mais en public, là où de nos jours règne le politiquement correct, l’expression « nouvelle pensée » pourrait mieux convenir. Le concept de révolution en général, et la révolution iranienne de 1979 en particulier ont été les premières victimes de cette « nouvelle pensée ».

Chaque mois, des montagnes de nouveaux articles sont publiés par des individus, cercles ou groupes formés par les révolutionnaires âgés et les vestiges de la révolution de 1979. Suivre toutes ces publications et partager les préoccupations ou les mondes illusoires de leurs auteurs est à la fois extrêmement difficile et futile. Il n’est pas difficile, cependant, de voir le développement de cette « nouvelle pensée ». On pourrait utiliser la méthode d’association utilisée par les psychologues pour vérifier la réaction de cette littérature à des mots-clefs comme le concept même de « révolution ». L’image qui émerge ne laisse aucune place à l’ambiguïté. Révolution : excès, révolution : violence, révolution : oppression, révolution : destruction.

Et pourquoi pas ? Qui des survivants de la révolution de 1979 peut fermer ses yeux pour un court instant, songer aux 17 dernières années et avoir un souvenir agréable ? Des millions de personnes ont été condamnés vivre dans le système social le plus brutal et réactionnaire, une société basée sur la terreur, la pauvreté, et des mensonges dans lesquels le bonheur est interdit, le fait d’être une femme un crime, la vie un tourment sans échappatoire possible. Une génération entière, peut-être plus de la moitié de la population, est née dans cet enfer et n’a aucun autre souvenir que cela. Pour beaucoup d’autres, le souvenir le plus vif est celui de visages inoubliables d’êtres humains admirables qui ont été massacrés. 1979 – l’année de la révolution – n’était-elle pas le début de ce cauchemar ?

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