Hassi Messaoud : Quelques nouvelles

22 04 2010

Nous avions déjà publié plusieurs articles le 16 avril, le 17 avril et le 20 avril à propos de la vague de terreur misogyne à Hassi Messaoud, ville industrielle d’Algérie, tant ces ne violences rappellent que trop d’autres campagnes de terreur exercées, en Iran, en Afghanistan, en Egypte, au Soudan ou ailleurs, par l’islamisme politique contre les femmes. Et tout comme on ne peut comprendre les pogroms de la Russie tsariste, les lynchages de noirs dans le sud des Etats-Unis ou les chasses aux étrangers aujourd’hui en Calabre ou ailleurs, sans mettre en avant à chaque fois les discriminations racistes, les violences misogynes à Hassi Messaoud, celles de 2001 comme celles de 2010, sont aussi le résultat des discriminations que subissent les femmes algériennes.

Quelques nouveaux articles et informations à propos des femmes d’Hassi Messaoud :

  • Selon un article du 20 avril d’El Watan, la mobilisation tant en Algérie qu’à l’échelle internationale semble avoir forcé les autorités algériennes à assurer un minimum de sécurité aux femmes :

Violences contre les femmes travailleuses à Hassi Messaoud : La société civile lance un collectif de solidarité

Une réunion a regroupé, dimanche dernier à Alger, de nombreux représentants du mouvement associatif féminin et des militants des droits de l’homme.

Cette réunion a pour objectif la solidarité avec les femmes victimes de violences à Hassi Messaoud. Un collectif de soutien a été mis en place à cette occasion et doit prendre contact avec les pouvoirs publics pour les interpeller sur la situation des femmes travailleuses de cette ville pétrolière. Après un long débat, les participants à cette réunion ont proposé l’organisation d’un rassemblement devant le ministère de l’Intérieur pour « dénoncer les agressions » dont sont victimes les femmes à Hassi Messaoud et appelé à prendre des « mesures urgentes » pour mettre un terme à cette « dérive ». Une délégation sera constituée pour faire part de ces « préoccupations » aux plus hautes autorités du pays, notamment les ministres de l’Intérieur et du Travail, auxquelles une lettre ouverte sera adressée. Les participants se sont également entendus pour informer l’opinion publique de ces actions à travers une conférence de presse prévue samedi prochain à Alger.

A signaler que les initiateurs de cette action font partie du Réseau Wassila, de l’Association pour la défense et la protection des droits des femmes (ADPDF), de l’Association pour l’émancipation des femmes (AEF), de l’Association du planning familial (APF), de l’Anadde, de l’Atustep, d’Amusnaw, de l’Association d’aide aux victimes de violence femmes et enfants (Avife), du Centre d’information et de documentation des droits des femmes et des enfants (Ciddef), du Collectif des femmes du printemps noir, de Djazaïrouna, de Femmes en communication (FEC), de Femmes PLD, de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), de la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADH), de Rachda, de SOS Femmes en détresse et de Tharwa Fatma n’Sumer. Par ailleurs, alors que la société civile s’organise pour exprimer son soutien aux victimes de violences à Hassi Messaoud, lieu des agressions, les réactions ont pris une voie tout à fait contraire.

Dans un communiqué transmis à notre rédaction, le « Club sportif pour femmes championnes du Sud, haltérophilie et culturisme » – quel exploit pour les femmes de Hassi Messaoud  !!! – présidé par Dadi Mohamed, le Club sportif pour femmes (salle omnisports) dirigé par Bilramoul Amar, le Club sportif Nasria (sans signature), le Croissant-Rouge algérien (censé prôner la tolérance et être toujours du côté des victimes), la représentante des droits de l’homme, Khalfa Fadhila, ainsi que les « notables » Daknati Tahar, Kouidri Miloud, Dakiche Mohamed, Atia Messaoud, Touahir Ali, Al Amri Mohamed Salah, Ammar Sakhri et Daknati Sabal « ont nié tous les faits rapportés par le journal El Watan, dans son édition du dimanche 11 avril, sur la chasse aux femmes vivant seules dans les quartiers des 36 et 40 Logements à Hassi Messaoud ». Ils ont dénoncé ce qu’ils ont qualifié « d’opération de déstabilisation » et accusé le journal de faire dans « la propagation de l’anarchie et la terreur ». Selon eux, la région de Hassi Messaoud « est très propre et ne tolère pas de tels actes », rappelant au passage les événements d’El Haïcha, en 2001, « ourdis par des mains étrangères et réglés grâce aux efforts des autorités militaires et civiles ». Ils ont, par ailleurs, fait l’éloge des « efforts colossaux consentis par les services de sécurité pour faire baisser de manière importante la criminalité », tout en précisant que le reportage « est un coup que le journal assène à la stabilité sécuritaire et économique (…). Ce qui se passe dans le monde en matière de criminalité ne peut être comparé à ce qui s’est passé à Hassi Messaoud ».

Se déclarant « représentants de la société civile, des défenseurs des droits de l’homme, des présidents des associations culturelles, sportives, des élus locaux et des notables ont exigé des excuses publiques » faute de quoi ils menacent de « recourir à la justice ». Visiblement, les accusations portées par les victimes contre les services de police n’ont pas été du goût de certains, à Hassi Messaoud. En tout état de cause, il est important de préciser que les quartiers des 36 et 40 Logements ne sont plus aussi insécurisés qu’avant la publication de notre reportage. Selon des témoignages de femmes qui y résident, les rondes effectuées depuis quelques jours, de nuit comme de jour, par des policiers véhiculés ont mis fin aux attaques nocturnes des maisons par des bandes organisées de délinquants. Depuis une semaine, les femmes peuvent dormir tranquillement sans être réveillées par les bruits des portes fracassées. Reste à savoir si les plaintes qu’elles ont déposées contre leurs agresseurs vont connaître une suite….

Hassi Messaoud – Algérie : violences contre les femmes

Ces dernières semaines, les femmes travaillant à Hassi Messaoud, dans le sud de l’Algérie, sont de nouveau victimes de violences de la part d’hommes constitués en bandes. Le visage masqué, munis d’armes blanches ou de bâtons, ils assaillent les femmes à leur domicile, volant leurs maigres biens et mettant les appartements à sac, avant de les humilier, de les brutaliser ou de les violer.

Les victimes de ce déchaînement de violence assortie d’insultes et de menaces sont des femmes seules qui, pour subvenir aux besoins de leur famille, sont venues à Hassi Messaoud chercher un emploi auprès d’une des nombreuses entreprises étrangères qui y sont implantées. Si elles vivent ici, dans des logements misérables et sous une température de 60°, c’est bien parce que c’était leur dernier recours. Les salaires y sont plus élevés mais, surtout, le chômage important qui frappe l’ensemble du pays leur barre la route à tout emploi décemment rétribué dans le Nord. En outre, à cause du Code de la famille d’inspiration islamiste adopté en 1984, qui fait de la femme algérienne une éternelle mineure en matière de mariage, de divorce ou de succession, celle-ci peut se retrouver sans aucune ressource du jour au lendemain pour vivre et faire vivre ses enfants, lorsqu’elle a été abandonnée par son mari.

Victimes d’agresseurs influencés par les islamistes, qui leur reprochent aussi de voler le travail des hommes, les femmes molestées ne reçoivent aucun appui des autorités. Certaines, qui sont allées porter plainte dans un commissariat, se sont entendu dire : « Que voulez-vous que l’on fasse ? Retournez chez vous. Ici, c’est dangereux pour les femmes comme vous » ! Quand ce n’est pas : « Savez-vous qui sont ces jeunes ? Qui vous dit que moi, le policier, je ne suis pas avec eux ? » De son côté, la justice met toute la mauvaise volonté possible pour rechercher et poursuivre les auteurs de ces violences, même lorsqu’ils sont connus.

En 2001, après un prêche enflammé d’un imam appelant à châtier les « femmes perdues » de Hassi Messaoud, plusieurs centaines d’hommes avaient monté une expédition punitive contre les femmes d’un quartier. Plusieurs dizaines de femmes avaient alors été lapidées, torturées, violées, enterrées vivantes. À ce jour, les victimes de ces actes de barbarie n’ont toujours pas obtenu réparation, tandis que de nombreux agresseurs, souvent des notables, vivent tranquillement chez eux. Deux femmes qui, malgré les obstacles voire les menaces de mort, continuent à se battre pour que justice leur soit rendue, ont témoigné dans le livre Laissées pour mortes de ce que fut cette nuit d’horreur, de l’inertie des autorités censées les protéger, ainsi que plus généralement de la condition de la femme algérienne.

Près de dix ans après ces faits, des brutes réactionnaires continuent à agresser des femmes sous le seul prétexte que ce sont des femmes et qu’elles travaillent pour vivre.

Nadia Kaci, qui a recueilli et transcrit les témoignages de Rahmouna Salah et Fatiha Maamoura, victimes des islamistes le 13 juillet 2001 à Hassi Messaoud et qui se battent encore pour obtenir justice, sera présente à la Fête de Lutte Ouvrière pour présenter le livre Laissées pour mortes – Le lynchage des femmes de Hassi Messaoud.

Réunion efficace ce mardi 20 avril à la Maison des associations à Paris. Un 1er plan d’action a été mis en place : mailing aux entreprises étrangères de Hassi Messaoud, action pour le défilé du 1er mai (il s’agit bien en effet de travailleuses) et contacts syndicats, rassemblement et délégations devant les ambassades et consulats algériens de divers pays, débat sur les conditions de travail à Hassi Messaoud, mise en ligne de l’appel, conférence de presse… (En attendant un compte rendu plus détaillé).

  • L’AFEMCI (Association des Femmes Euro-Méditerranéennes Contre les Intégrismes) lance une pétition qui peut être signée en écrivant à l’adresse suivante : afemci@free.fr

Pétition pour le soutien de femmes de Hassi Messaoud

Les femmes de Hassi Messaoud pourchassé, violées, torturées, tuées une deuxième fois par des hommes encagoulés.

Les femmes euro-méditerranéennes contre les intégrismes sont horrifiées par ce qui se passe aujourd’hui à Hassi Messaoud (Sud de l’Algérie). Des femmes travailleuses sont victimes une deuxième fois par des hommes encagoulés.

La première attaque remonte à 2001 où des hommes manipulés par leur imam, violent, torturent, tuent, lapident des femmes vivant seules ou avec leur enfants. Pour fuir la misère, elles ont été obligées dans leur majorité, de quitter leurs villes pour travailler dans le sud et bénéficier ainsi d’un toit pour sauvegarder leur dignité. Face à l’impuissance et la passivité des forces de l’ordre, elles vivent encore une fois un véritable cauchemar.

C’est une violation des droits de L’homme. Afemci dénonce et condamne ces actes de barbarie. Il faut que justice soit rendue à ces victimes.

Afemci appelle les Algériens et Algériennes de France à une mobilisation générale pour dénoncer et condamner ces actes criminels.

AFEMCI réclame :

  • Arrêt, jugement et condamnation de ces criminels et de leurs actes
  • Urgence d’une protection policière immédiate pour ces femmes
  • Justice et réparation pour ces femmes victimes de la barbarie
  • Reconnaissance de leur statut de victimes
  • Accompagnement psychologique
  • Bouclier humain international pour les soutenir

Premières signataires: Asma Guenifi présidente de AFEMCI – Loubna Ahmed Al Hussein journaliste SOUDANAISE


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3 responses

23 04 2010
26 04 2010
Salah

Bonjour ,je comprends votre inquietude pour les femmes agressées à hassi messaoud,mais je peux témoigner en toute foi et conscience que les médias ont amplifié cete affaire a un seuil vraiment démesuré.
La violence a toujours existé à Hassi ou ailleurs ,on doit se poser la question q!Qui est derriere les agressions de ces femmes ?des voyous ?des jeunes désoeuvrés ,ou des mains plus puissantes .
Certains patrons d »hotels à Hassi Messaoud profitent de la misere des filles pour les exploiter et font un vrai commerce.
Des rabatteuse s ramenent les jeunes femmes Une nuit pour 30 000DA)……etc
Les clients sont des vieux richards ,ou des etrangers travaillnt dans des compagnies etrangeres.

30 04 2010
Mme Pagès Ouarda

Bonjour,
je suis scandalisée encore une fois devant les agressions que subissent encore une fois des femmes à Hassi Messaoud. Agressions devant l’indifférence des services de sécurité de notre beau et cher pays; Pays qui a été un modèle et qui a su éradiquer le terrorisme barbare. Pourquoi ces agresseurs ne sont arrêtés ? pourquoi ne sont-ils pas jugés ?
Pourquoi les services de sécurité ne protègent pas ces femmes qui viennent travailler dignement?.
j’espère que notre gouvernement va agir, il a toujours su protéger les femmes; Nous comptons sur lui
VIVE L’ALGERIE
ouarda

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