Répression en Iran: de Sakineh à Shiva

31 08 2010

Article de l’Humanité, 30 août 2010 :

Face à l’ampleur de la mobilisation internationale pour la libération de Sakineh, menacée de mort par lapidation, l’Iran a affirmé samedi qu’aucune décision « finale » n’a été prise.

Des manifestations ont eu lieu samedi dans 97 villes du monde (*) pour réclamer la libération de Sakineh ­Mohammadi-Ashtiani. Cette mère de famille de quarante-trois ans est menacée d’exécution par lapidation en Iran, sentence prononcée à la fin de son procès pour adultère et complicité dans le meurtre de son mari. L’Appel de Sajjad et Farid, ses enfants, est à l’origine d’une grande campagne internationale.

En France, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés à Toulouse, Lyon et Paris, où environ 300 personnes ont répondu à l’appel d’associations de défense des droits des femmes, sur le parvis des Droits-de-l’Homme au Trocadéro. La France a demandé vendredi aux pays de l’Union européenne d’envisager une menace de sanctions contre l’Iran pour pousser Téhéran à épargner cette femme, condamnée en 2006 puis à nouveau, en appel, en 2007.

Téhéran suspend l’application de la peine

La campagne mondiale pour la libération de Sakineh a reçu le soutien de personnalités du monde politique et culturel, dont le directeur de l’Humanité, Patrick Le Hyaric. Cette campagne de mobilisation semble commencer à porter ses fruits. Le ministère iranien des Affaires étrangères a déclaré samedi matin qu’aucune décision finale n’a été prise sur la lapidation de Sakineh, notant que l’application de la peine avait été «suspendue» et que le verdict était « en cours d’examen ». Quelques heures plus tard, c’est la section des « droits de l’homme de la justice iranienne» (sic) qui, tout en défendant la justesse du verdict, a annoncé le réexamen de la peine et la recherche d’une solution adaptée (peut-être la clémence du guide ?).

Des dissensions pointent dans le gouvernement

Le cas de Sakineh n’est pas un cas isolé. Les droits de l’homme, et plus encore les droits de la femme, sont régulièrement bafoués en Iran, où des milliers de personnes sont emprisonnées pour avoir osé tenter de les défendre. Ainsi, plusieurs centaines de manifestants ont réclamé vendredi, à Dijon, la libération de Sakineh mais également celle de Shiva Nazar Ahari. Journaliste de vingt-six ans et militante pour les droits humains, celle-ci est accusée de « guerre contre Dieu ». Les principales raisons de son arrestation sont en réalité sa participation active dans la campagne « Un million de signatures pour les droits des femmes en Iran », ainsi que sa proximité avec l’opposition réformatrice en Iran.

Depuis la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad à la tête du pays, la répression syndicale et politique est fortement accentuée en Iran. En plus des partisans d’un changement radical de la société, des militants des droits de l’homme, des milliers de cadres, et même des ministres des gouvernements précédents cherchant à démocratiser le pouvoir sont arrêtés et emprisonnés… Des dizaines d’entre eux ont été exécutés ou sont morts sous la torture. La répression a pris une telle ampleur qu’elle commence à provoquer des dissensions au sein du pouvoir ; des voix s’élèvent même parmi la fraction conservatrice de l’État et chez certains des grands ayatollahs du clergé iranien.

(*) La Campagne Internationale Contre la Lapidation avait comptabilisé 113 actions prévues dans 111 villes le 27 août et depuis nous avons appris que des actions ont également eu lieu dans d’autres villes comme à Tokyo (Japon) ou à Sofia (Bulgarie)


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